BANDE DESSINEE

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Camille Jourdy
© Actes Sud

Éditions Actes Sud,
Collection Actes Sud BD

2007 (tome 1) - 2008 (tome 2) - 2009 (tome 3)

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PRIX :
(le 05.02.2010)

Camille Jourdy remporte le Fauve d'Angoulème 2010 - Prix Révélation avec Au hasard Balthazar !
Et il y a quelques mois, c'était le Grand le Prix RTL de la bande dessinée !

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À NOTER :

la sortie en novembre 2009 du coffret Rosalie Blum réunissant les 3 tomes de cette remarquable série !


Éd. Actes Sud, novembre 2009

et

la réedition (réaugmentée) en novembre 2009 d'une autre BD qui me tente beaucoup :

Une araignée, des tagliatelles
et au lit, t
u parles d'une vie !


Editions Drozophile, 2004
Lire l'avis de Laure

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CÔTE JEUNESSE :
illustrés par Camille Jourdy

Léopold, chien de divan
de Davide Cali

Ou l'histoire d'un chien qui s'ennuie et se prend à rêver d'un autre maître plus actif que le sien...


Editions Sarbacane, avril 2008

et

Le déménagement
de Clémence Lafarge

Ou l'histoire d'une petite fille qui déménage, événement suscitant chez elle son lot d'inquiétudes...


Editions A. Biro, septembre 2004

bd
Rosalie Blum

tome 1 : Une impression de déjà-vu
tome 2 : Haut les mains, peau de lapin !
tome 3 : Au hasard Balthazar !

de Camille Jourdy
pour visiter son blog : http://camillejourdy.canalblog.com

1. Une impression de déjà-vu :

Une bande dessinée aux planches superbement colorées qui paradoxalement décrit un quotidien assez morne, celui de personnages solitaires et malheureux. Dans une petite ville de province, Vincent, un trentenaire célibataire, partage son quotidien un rien morose entre son salon de coiffure, sa mère, possessive, égocentrique et son cousin, coureur de jupons...

« Bref, j'avais 30 ans, une petite vie simple, triste, sans projet...
... jusqu'à ce jour d'automne...
»

Jusqu'à ce jour où il aperçoit Rosalie Blum (pour laquelle il ressent une impression de déjà-vu) dans son épicerie et sans savoir pourquoi, il se met à la suivre... jusqu'à en être obsédé.

« Si j'étais moins con je pourrais aller m'asseoir à côté d'elle. Je lui dirais "Rosalie Blum, je te suis depuis des semaines, nous avons l'air aussi seuls l'un que l'autre, alors trinquons. »

Avec ce premier tome, Camille Jourdy entame avec réussite une trilogie sur des solitaires à la vie morose. Mais à la lecture de cette première histoire mélancolique, on se prend tout de même à sourire. Il y a cette petite vieille (j’adore la façon dont elle est dessinée), mère de Vincent Machot, qui est un sacré numéro. Celle-ci accumule les défauts : possessive, exigeante, manipulatrice (je plains son fils !) mais elle a un côté fantasque très charmant : elle joue encore à la poupée (bien sûr en cachette) ! Et il faut voir les scénarios qu’elle s’invente. J’ai aussi aimé les planches décrivant les rêves, les cauchemars très extravagants, de Vincent Machot, qui l’air de rien commence à en avoir assez de vivre avec sa mère (elle habite l’appartement juste au-dessus du sien : difficile alors de couper le cordon ombilical !) et culpabilise de suivre ainsi Rosalie Blum. Il faut dire qu’il se fait tout de même voyeur. Il va même jusqu’à fouiller les poubelles de cette inconnue pour mieux la connaître !

Cela serait quand même mieux que Vincent se décide à aborder Rosalie. Mais va-t-il oser ? Pour le savoir, il faudra attendre la parution du prochain tome.

Marie.
Mardi 18 décembre 2007.

2. Haut les mains, peau de lapin ! :

Avec Haut les mains, peau de lapin !, Camille Jourdy surprend admirablement son lecteur et ose le faire patienter : ce n’est pas dans le deuxième tome de cette série douce-amère que nous saurons si Vincent se décidera enfin à aborder (ou non) Rosalie lorsque celle-ci viendra à son rendez-vous pris (par hasard ?) dans son salon de coiffure... Non, il faudra attendre le tome suivant pour le savoir car Camille Jourdy choisit astucieusement de reprendre dans Haut les mains, peau de lapin ! cette histoire de filature à ses (presque) débuts en inversant les rôles. Cette fois-ci, c'est son personnage masculin un rien voyeur qui va être pris à son propre jeu : Rosalie se sachant suivie depuis un certain temps par un jeune inconnu demande à sa nièce Aude de le prendre en filature afin de découvrir son identité et surtout ses intentions...


Camille Jourdy © Actes sud
Extrait de Haut les mains, peau de lapin !

Dans ce deuxième tome, Camille Jourdy nous invite à découvrir sous un angle différent les attachants protagonistes de son histoire. Nous retrouvons ainsi ici un Vincent perçu comme un supposé psychopathe (il fallait qu'il s'y attende avec son attitude si bizarre !). Nous en apprenons aussi un petit peu plus sur la triste Rosalie, ce personnage discret à l'existence profondément marquée par un terrible drame (mais lequel ?). Nous faisons aussi la connaissance d’un tiers personnage à la vie solitaire tout aussi monotone que ces deux acolytes : Aude, jeune femme un peu rêveuse et quelque peu désœuvrée depuis qu'elle a abandonné ses études. Oisive, celle-ci reste ainsi affalée à longueurs de journée sur son canapé au milieu d'un appartement joliment désordonné (coup de cœur pour les décors si magnifiquement dessinés et ce, dans les moindres détails !) animée par la présence continuelle de son fantaisiste de « kolocataire » complètement déjanté. Alors la mission de filature proposée par sa tante permet à la jeune fille de tromper son ennui en apportant un peu de pétillant dans sa vie...

Une seule envie après avoir refermé ce tome très réussi : ouvrir incessamment le troisième et dernier tome en espérant qu'il nous apporte toutes les réponses à nos questions !

3. Au hasard Balthazar ! :

Ce troisième tome qui commence là où se terminait les deux premiers clôt parfaitement cette série passionnante. Nos trois attachants personnages si solitaires vont finalement réussir, à force de hasards (provoqués ou non), à se rencontrer... mais nul besoin de vous en raconter plus ! Sachez seulement que le mystère qui entoure le passé de Rosalie Blum sera enfin levé dans un épilogue saisissant (aucunement escompté) éclairant au final avec finesse toute cette histoire doucement mélancolique, prodigieusement colorée à l'aquarelle par l'illustratrice et saupoudrée d'un petit grain de folie avec ses personnages secondaires (le fameux « kolocataire » d'Aude et la truculente mère de Vincent) hauts en couleurs !

En somme une remarquable série, superbement illustrée et brillamment construite, nous offrant de sensibles portraits d’âmes solitaires à la vie des plus ordinaires mais néanmoins captivante, que je vous recommande chaudement. À lire et relire sans modération !

Marie.
Vendredi 4 décembre 2009.
In Lecture & Cie