Photographie de couv. : © Plainpicture/Millennium
Éditions Buchet Chastel,
Collection Littérature étrangère, avril 2009
508 pages - 21 x 14 cm
Prix éditeur : 25 €
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:
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L'année brouillard
titre original : The Year of Fog
de Michelle Richmond
– Traduit de l'américain par Sophie Aslanides –
Un roman qui réussit complètement à nous happer...
« La seule chose que je sais est la suivante ; c’est l’histoire d’une petite fille, elle s’appelle Emma, nous marchions sur la plage. Elle était là, et ensuite, elle n’était plus là. Il n’y a aucun moyen de supprimer ce moment, aucun moyen de réécrire le script ; j’ai détourné le regard. Ce qui est fait ne peut être défait. »
Alors qu’une jeune femme Abby se promène sur une plage de San Francisco envahie par la brume à la recherche de coquillages avec la petite fille de son fiancé, il suffit de seulement quelques secondes d’inattention pour que l’enfant disparaisse... et c’est alors toute sa vie qui soudainement s’arrête, « et il n’y a aucun moyen de la reprendre » : comment continuer à vivre « quand une pièce vitale est manquante ? ». Une seule chose fait tenir cette jeune femme dévastée par ce drame : la volonté de retrouver Emma, même si l’espoir d’y arriver s’amenuise au fil des semaines...
Pendant 508 pages, le lecteur suit avec beaucoup d’empathie et une angoisse enveloppante, le véritable cauchemar vécu par cette jeune femme submergée par une culpabilité obsédante, celle d’avoir détourné quelques instants ses yeux de l’enfant dont elle avait la responsabilité ce jour-là et d’infliger en conséquence cette terrible épreuve à l’homme qu’elle aime : la disparition de sa petite fille. Quelle souffrance lancinante de ne pas savoir ce qui est advenu de la petite Emma : s’est-elle perdue ? A-t-elle été kidnappée ? S’est-elle noyée ? Cette incertitude est absolument dévastatrice. La jeune narratrice et photographe est alors vraiment touchante dans son acharnement à retrouver Emma, dans sa manière aussi de convoquer sans cesse sa mémoire visuelle, ressassant à l’usure les événements qui précédèrent de près comme de loin ce terrible drame dans le seul espoir d’y trouver ne serait-ce qu’un infime détail, un unique indice, qui pourrait éclairer cette disparition et la conduire jusqu’à l'enfant...
L'année brouillard est un roman douloureux vraiment réussi – que j'ai été très heureuse de découvrir grâce à l'opération Masse Critique de Babelio ! – mettant en scène tout en retenue et émotion cet ultime drame redouté par tout parent que représente la disparition d'un enfant. Et bien plus qu'une simple enquête pour retrouver la petite Emma, l'auteur nous offre là un sensible portait de femme vivant l’invivable ainsi qu’une tortueuse réflexion sur la mémoire, cet « art incertain » fascinant...
Difficile en somme au bout des 508 pages de quitter ce roman brumeux, que l'on vient de lire d'une éprouvante traite, tout comme le personnage d'Abby auquel on s'est indéniablement attaché et que l'on n'oubliera pas !
Lire les avis (tous très positifs !) d'Antigone, Cathulu, Clarabel, Cuné, Kathel, Lael
Lire les premières pages sur le site des éditions Buchet-Chastel
PETIT PLUS : J'ai découvert ICI qu'un lecteur s'était amusé à photographier les rues de San Francisco que le personnage d'Abby avait sans cesse arpentées dans le roman à la recherche de sa petite Emma, ainsi qu'Ocean Beach, lieu de l'ultime drame. Vraiment sympa, je trouve, comme initiative !
Voir les (superbes) photos de cet amateur !
Merci à Guillaume Teisseire et aux éditions Buchet Chastel !
Marie.
Jeudi 2 juillet 2009.
In Lecture & Cie |